Par Mac Arthy Geneus MD, RN, BSc.

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Presque tout le monde a déjà eu des maux de tête à un moment donné de sa vie. C’est une douleur qui peut être généralisée au niveau de la tête ou se localiser à n’importe quelle partie de la tête : la face, le cuir chevelu, la nuque, le front et l’intérieur de la tête. Les maux de tête ou « céphalées » peuvent être gênants, voire invalidants. Bien que cette affection soit très fréquente, elle reste mal comprise. Dans ce blog, nous allons explorer les différentes causes des maux de tête, les types les plus courants et quelques solutions à portée de tous pour les prévenir ou les soulager.
Les causes des maux de tête : Pourquoi cette douleur survient-elle?
Les maux de tête sont rarement causés par des conditions de santé grave. Pour bien cerner ce problème, les spécialistes ont divisé les causes en deux grands groupes : les causes primaires et les causes secondaires. D’où on parle de céphalées primaires (celles qui semblent prendre naissance au niveau de la tête) et de céphalées secondaires (celles qui font partie des symptômes d’une autre maladie).
Les maux de tête primaires sont de loin les plus fréquents. On estime que plus de 95% de la population est concernée par cette affection [1]. Il est intéressant de savoir les types de maux de tête primaires, pour mieux les gérer.
Types de maux de tête : Comment les différencier?
On distingue trois (3) types de maux de tête primaires, selon leurs caractéristiques :
1. La migraine
La migraine est une forme intense et complexe de maux de tête. La douleur est souvent localisée d’un seul côté de la tête, parfois des deux côtés. Se présente sous une forme de pulsation et peut s’accompagner de symptômes comme des nausées, des vomissements, et une sensibilité à la lumière ou au bruit. La migraine peut durer de 4 heures à plusieurs jours. Les migraines sont souvent déclenchées par des facteurs spécifiques comme certains vins et aliments, des changements hormonaux, le stress, le manque de sommeil, le surmenage et la faim [2].
2. Les maux de tête de tension.
C’est de loin le type le plus fréquent de tous. Ils se caractérisent par une douleur sourde et continue, souvent ressentie comme une bande de pression autour de la tête. Moins intenses que la migraine, ces maux de tête peuvent durer de 30 minutes à plusieurs heures et même plusieurs jours. Ils peuvent être plus intenses à la fin de la journée. Ils ne sont pas aggravés par l’activité physique, la lumière ou le son ou les odeurs et ne sont pas accompagnés de nausées, vomissements ou autres symptômes, comme dans la migraine [3]. Ils sont généralement causés par le stress, la fatigue ou une mauvaise posture.
3. Les maux de tête en grappe
Ils sont rares, mais extrêmement douloureux. Elles se manifestent par des douleurs soudaines et intenses autour d’un œil ou d’une tempe. Les douleurs sont si intenses, parfois la personne présente une sorte d’agitation caractérisée par des allers- retours ou des mouvements répétitifs (frapper la tête à répétition contre un mur). Du même côté de la douleur, on peut voir un écoulement des narines, des larmes, une paupière tombante et parfois un enflement de la région sous l’œil. Ils ne sont pas accompagnés de vomissements et ne sont pas influencés par la lumière, le son et les odeurs comme dans la migraine. Ces attaques peuvent durer de 30 minutes à 1 heure, a la même heure de la journée. En général, elles surviennent en série de 1 attaque par jour pendant 1 à 3 mois, puis disparaissent pour revenir après plusieurs mois ou années [4].
Quelles sont les causes des maux de tête primaires?
Les causes des maux de tête primaires sont vagues et non spécifiques. Voici quelques-unes des causes les plus fréquentes :
1. Stress et tension : Le stress est l’une des causes principales des maux de tête [5] [6]. Les tensions musculaires dans le cou et les épaules, souvent dues à une posture incorrecte ou au stress mental, peuvent déclencher des douleurs de type tensionnel.
2. Fatigue oculaire: Passer trop de temps devant les écrans sans pauses adéquates peut entraîner une fatigue oculaire [6] [3]. Cette douleur est souvent localisée autour des yeux et du front.
3. Déshydratation: Le manque d’eau dans l’organisme peut entraîner des maux de tête [6]. Lorsqu’on est déshydraté, le volume sanguin diminue, ce qui réduit l’apport d’oxygène au cerveau, causant une sensation de pression ou de douleur.
4. Mauvaise alimentation: Sauter des repas, consommer des aliments riches en sucre ou en additifs [6], ou encore avoir une carence en nutriments essentiels peut provoquer des maux de tête.
5. Facteurs hormonaux: Chez certaines femmes, les variations hormonales, notamment pendant le cycle menstruel ou la ménopause, peuvent être à l’origine de migraines ou de maux de tête [6] [7].
6. Problèmes de sommeil : Un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité est un déclencheur fréquent [6]. Dormir moins de six heures par nuit peut doubler le risque de maux de tête.
Comment prévenir et soulager naturellement les maux de tête primaires ?
Il n’est pas toujours nécessaire de se tourner vers des médicaments pour soulager un mal de tête. Voici quelques solutions naturelles qui peuvent vous aider à prévenir et traiter les maux de tête.
1. Hydratation
Buvez de l’eau tout au long de la journée pour prévenir les maux de tête liés à la déshydratation [8]. Le manque d’eau crée une diminution du volume sanguin et par la suite une faible oxygénation du cerveau. L’hydratation favorise l’équilibre de la concentration des éléments essentiels du sang. Un simple verre d’eau peut parfois suffire à soulager un mal de tête léger [9].
2. Améliorer la posture.
Une mauvaise posture peut entraîner des tensions dans le cou et les épaules, qui à leur tour provoquent des maux de tête [6]. Assurez-vous d’adopter une position ergonomique lorsque vous êtes assis ou debout, et faites des pauses régulières si vous travaillez devant un écran.
3. Alimentation saine.
Certaines personnes sont plus sensibles à certains aliments, comme le chocolat, le fromage vieilli, ou les aliments riches en additifs. Garder un journal alimentaire peut aider à identifier les déclencheurs spécifiques [6]. De plus, assurez-vous de consommer des repas réguliers et équilibrés pour éviter les maux de tête dus à la faim.
4. Huiles essentielles et massothérapie.
Bien qu’il n’existe pas encore assez de preuves scientifiques pour documenter leur efficacité et leur mécanisme d’action, les huiles essentielles (la menthe poivrée, lavande) sont réputées pour leurs propriétés calmantes et anti-inflammatoires. Appliquez une petite quantité d’huile de menthe poivrée [10] sur les tempes et massez doucement pour réduire la douleur. Le massage des muscles du cou, de la face et de la tête peut diminuer, la fréquence et l’intensité des douleurs de la migraine et des céphalées de tension [11]
5. Activité physique.
L’exercice régulier aide à prévenir les maux de tête en augmentant la circulation sanguine et en libérant des endorphines, qui sont des analgésiques naturels [12]. Allez faire une marche rapide, du stretching ou même une légère séance de yoga peut vous donner un certain soulagement avec votre mal de tête.
6. Amélioration du sommeil
Un sommeil réparateur est essentiel pour éviter les maux de tête [9]. Essayez de maintenir un horaire de sommeil régulier, évitez les écrans avant le coucher et créez un environnement de sommeil propice à la détente (chambre sombre, température adéquate).
7. Caféine
La consommation régulière du café est un facteur de risque des maux de tête. En plus, le sevrage de la caféine cause également des maux de tête. Dans ce cas une dose de caféine peut soulager les symptômes [9]. Adoptez la modération.
8. Gestion du stress et autres pratiques de médecines douces
Prendre le temps de se détendre est crucial. La méditation pleine conscience [13], le yoga [2] [14] et la respiration profonde [15] sont des techniques efficaces pour réduire le stress et diminuer les symptômes des attaques de migraine [11]. Les récentes recherchent scientifiques arrivent à déterminer les mécanismes d’action des thérapies multimodales non invasives et non pharmacologiques (acupuncture, yoga, Tai Chi, massothérapie, méditation pleine conscience…) sur les douleurs et les céphalées [2] [16]. Combinez deux ou trois de ces pratiques vous permettra surement de mieux gérer vos maux de tête.
10. Les médicaments
Les médicaments analgésiques en vente libre, tels que les anti-inflammatoires et l’acétaminophène, soulagent des maux de tête primaires, dans la majorité des cas [3]. Néanmoins, ces produits sont plus efficaces quand ils sont pris au début des symptômes. Votre médecin peut décider de vous prescrire d’autres produits selon son diagnostic. La plupart sont efficaces et aident à soulager les céphalées sévères et irréductibles. L’association avec une ou plusieurs des méthodes naturelles potentialise l’efficacité de ces produits [11].
Ce qui nous conduit à parler des causes des maux de tête secondaires.
Quelles sont les causes des maux de tête secondaires?
Contrairement aux maux de tête primaires, les céphalées secondaires sont des symptômes d’une autre maladie sous-jacente, évidente ou non. Ces maladies peuvent être très graves. L’exploration de ces maladies ne fait pas l’objet de cet article. Pour satisfaire votre curiosité, nous allons quand même énumérer quelques-unes, dans cette liste non exhaustive : Le Glaucome, les infections dentaires, la sinusite, les tumeurs ou abcès du cerveau, une contusion de la tête, l’intoxication au monoxyde de carbone, l’artérite temporale, l’hypertension intracrânienne, l’hémorragie intracrânienne, la méningite, l’apnée du sommeil obstructive, la maladie temporo-mandibulaire [17].
Toutes ces affections sont graves et peuvent conduire au décès. Il faut intervenir rapidement. C’est pourquoi il est important de savoir quand vous devez faire une consultation médicale.
Quand consulter un professionnel de la santé ?
Bien que la plupart des maux de tête soient bénins, il est important de consulter un médecin si :
– Vos maux de tête sont fréquents et interfèrent avec votre vie quotidienne.
– La douleur est très intense et survient soudainement.
– Si vous faites un traitement contre le cancer ou si vous prenez un traitement qui diminue votre système immunitaire.
– Vous présentez des symptômes supplémentaires tels que des troubles visuels, rougeur des yeux, état de confusion, des difficultés à parler, douleur aux tempes ou a la mâchoire, une faiblesse d’un côté du corps, ou de la fièvre [17].
Conclusion
Les maux de tête sont des problèmes de santé très courants. Le plus souvent bénins, parfois ils peuvent être sévères et invalidants. Dans certains cas ils peuvent être un indicateur d’une maladie sérieuse qui peut amener au décès. Si ce problématique vous concerne vous pouvez commencer par combiner 2 ou 3 des approches naturelles, non pharmacologiques que nous avons citées dans cet article. Soyez à l’affut des signes de gravité. Dans ce cas, ne tardez pas à vous faire consulter par un professionnel médical. Prenez soin de votre tête!
Références
[1] A. W. Voigt et H. J. Gould, « Chronic Daily Headache: Mechanisms and Principles of Management », Curr. Pain Headache Rep., vol. 20, no 2, p. 10, févr. 2016, doi: 10.1007/s11916-016-0542-3.
[2] « Migraine – Neurologic Disorders », MSD Manual Professional Edition. Consulté le: 4 octobre 2024. [En ligne]. Disponible sur: https://www.msdmanuals.com/professional/neurologic-disorders/headache/migraine
[3] « Tension-type Headache – Neurologic Disorders », MSD Manual Professional Edition. [En ligne]. Disponible sur: https://www.msdmanuals.com/professional/neurologic-disorders/headache/tension-type-headache
[4] « Cluster Headache – Neurologic Disorders », MSD Manual Professional Edition. Consulté le: 4 octobre 2024. [En ligne]. Disponible sur: https://www.msdmanuals.com/professional/neurologic-disorders/headache/cluster-headache
[5] J. P. P. Mercante et al., « Association of mental health symptoms with the migraine-tension-type headache spectrum in the Brazilian longitudinal study of adult health », J. Psychosom. Res., vol. 179, p. 111624, avr. 2024, doi: 10.1016/j.jpsychores.2024.111624.
[6] A. B. W. Pellegrino, R. E. Davis-Martin, T. T. Houle, D. P. Turner, et T. A. Smitherman, « Perceived triggers of primary headache disorders: A meta-analysis », Cephalalgia, vol. 38, no 6, p. 1188‑1198, mai 2018, doi: 10.1177/0333102417727535.
[7] A. Pakalnis, « Migraine and Hormones », Semin. Pediatr. Neurol., vol. 23, no 1, p. 92‑94, févr. 2016, doi: 10.1016/j.spen.2016.01.005.
[8] M. Spigt, N. Weerkamp, J. Troost, C. P. Van Schayck, et J. A. Knottnerus, « A randomized trial on the effects of regular water intake in patients with recurrent headaches », Fam. Pract., vol. 29, no 4, p. 370‑375, août 2012, doi: 10.1093/fampra/cmr112.
[9] M. Agbetou et T. Adoukonou, « Lifestyle Modifications for Migraine Management », Front. Neurol., vol. 13, p. 719467, mars 2022, doi: 10.3389/fneur.2022.719467.
[10] H. Göbel, A. Heinze, K. Heinze-Kuhn, A. Göbel, et C. Göbel, « Oleum menthae piperitae (Pfefferminzöl) in der Akuttherapie des Kopfschmerzes vom Spannungstyp », Schmerz, vol. 30, no 3, p. 295‑310, juin 2016, doi: 10.1007/s00482-016-0109-6.
[11] Y. Shi et W. Wu, « Multimodal non-invasive non-pharmacological therapies for chronic pain: mechanisms and progress », BMC Med., vol. 21, no 1, p. 372, sept. 2023, doi: 10.1186/s12916-023-03076-2.
[12] L. S. Krøll, C. S. Hammarlund, M. Linde, G. Gard, et R. H. Jensen, « The effects of aerobic exercise for persons with migraine and co-existing tension-type headache and neck pain. A randomized, controlled, clinical trial », Cephalalgia, vol. 38, no 12, p. 1805‑1816, oct. 2018, doi: 10.1177/0333102417752119.
[13] R. E. Wells et al., « Effectiveness of Mindfulness Meditation vs Headache Education for Adults With Migraine: A Randomized Clinical Trial », JAMA Intern. Med., vol. 181, no 3, p. 317, mars 2021, doi: 10.1001/jamainternmed.2020.7090.
[14] D. Anheyer, P. Klose, R. Lauche, F. J. Saha, et H. Cramer, « Yoga for Treating Headaches: a Systematic Review and Meta-analysis », J. Gen. Intern. Med., vol. 35, no 3, p. 846‑854, mars 2020, doi: 10.1007/s11606-019-05413-9.
[15] M. D. Rahimi, P. Hassani, M. T. Kheirkhah, et J. S. Fadardi, « Effectiveness of eye movement exercise and diaphragmatic breathing with jogging in reducing migraine symptoms: A preliminary, randomized comparison trial », Brain Behav., vol. 13, no 1, p. e2820, janv. 2023, doi: 10.1002/brb3.2820.
[16] D. Millstine, C. Y. Chen, et B. Bauer, « Complementary and integrative medicine in the management of headache », BMJ, p. j1805, mai 2017, doi: 10.1136/bmj.j1805.
[17] « Approach to the Patient With Headache – Neurologic Disorders », MSD Manual Professional Edition. Consulté le: 4 octobre 2024. [En ligne]. Disponible sur: https://www.msdmanuals.com/professional/neurologic-disorders/headache/approach-to-the-patient-with-headache